Newsletter #13 – Déjà 2 ans et le printemps des poètes

4 mars 2018,  Maman et Christine iront se recueillir sur ta tombe, Yves, Olivier et moi serons présents par la pensée.

Pierre et Chantal en 2008 à Saragosse

Pierre et Chantal en 2008 à Saragosse

Ce jour d’hommage est l’occasion de publier une citation que tu nous a laissée. C’est l’avant-dernière.

Merci pour ces messages, Papa. Ces citations sont comme des petits cailloux laissés sur un chemin. La première était « Ce que je sais le mieux, c’est mon commencement ». Et celle d’aujourd’hui est « Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché ». (le texte en rouge est un lien vers la page)

Papa, tu aimais les beaux textes et tu aimais aussi rendre hommage par les toasts que tu écrivais avec attention et amour. Ce jour où nous te chérissons tout particulièrement, je partage  le toast que tu as écrit pour les 80 ans de ton frère Jacques, sur la célèbre chanson « les copains d’abord ».

Je publie  également une anecdote californienne transmise par Henri Guimbail, collègue à EDF. Merci Henri pour nous partager ce souvenir savoureux !

Le printemps des poètes démarre en ce mois de mars, j’ai pensé Papa que tu aurais sûrement aimé ce poète et académicien François Cheng né en 1929 comme toi. François Cheng est né en Chine, il est arrivé en France en 1948.
Son dernier livre paru en février « Enfin le royaume » ne contient que des quatrains. J’en partage un.

Nous rions, nous trinquons. En nous défilent les blessés,
Les meurtris ; nous leur devons mémoire et vie. Car vivre,
C’est savoir que tout instant de vie est rayon d’or
Sur une mer de ténèbres, c’est savoir dire merci.

François Cheng est  l’auteur du livre « Cinq méditations sur la mort » et  je vous invite à lire la première, le texte est plus long ! mais riche.
Je finis cette lettre en te remerciant Papa, merci pour ce que tu as transmis, merci pour ta confiance en nous, merci pour ta joie de vivre, merci pour ces liens qui nous unissent.

Tu nous manques Papa, mais nous savons que tu es bien entouré là où tu es.

Bises à tous,

Isabelle

Une méditation sur la mort (ou sur la vie) – François Cheng

Une méditation extraite du livre de François Cheng.

Cinq-meditations-sur-la-mort

Chers amis, merci d’être venus, merci d’habiter cet espace d’accueil de vos présences.
À cette heure fixée à l’avance, entre le jour et la nuit, nous nous sommes donc réunis. Et à partir de cet instant, le langage qui nous est commun va tisser un fil d’or entre nous, et tenter de donner le jour à une vérité qui soit partageable par tous.
Toutefois, pour peu que nous y réfléchissions, force nous est d’admettre que nous venons de loin. Chacun de nous est héritier d’une longue lignée, faite de générations qu’il ne connaît pas, et chacun a été déterminé par des liens de sang inextricables qu’il n’avait pas choisis. Rien n’impliquait que nous puissions avoir l’envie et la capacité d’être là ensemble, de trouver un sens quelconque à ce simple fait d’être ensemble, en ce lieu. N’est-il pas vrai que nous sommes perdus au cœur d’un univers énigmatique où, selon beaucoup, règne le pur hasard ? Pourquoi l’univers est-il là ? Nous ne le savons pas. Pourquoi la vie est-elle là ? Nous ne le savons pas.
Pourquoi sommes-nous là ?
Nous n’en savons rien, ou presque.
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Citations de Pierre #16

Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché.

GdeNervalGérard de Nerval, 1808-1855, photographié par Nadar

Poème écologique avant l’heure, le poète veut montrer que l’homme n’est pas aussi intelligent et puissant qu’il ne le pense. Il essaye d’expliquer que chaque être vivant et chaque chose de la planète ont une âme, une sensibilité et une intelligence.

Vers dorés

Eh quoi ? tout est sensible.
PYTHAGORE

Homme ! libre penseur ! te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant:
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d’amour dans le métal repose ;
« Tout est sensible ! » Et tout sur ton être est puissant.

Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie :
A la matière même un verbe est attaché…
Ne la fais pas servir à quelque usage impie !

Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché ;
Et, comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres !

Poème extrait du recueil Les chimères, publié en 1854

Newsletter #12 – un an après

Bonjour la famille, les amis,

Un an a passé. Enfants de Pierre et Chantal, nous nous sommes réunis à Biarritz pour lui rendre hommage et entourer notre chère maman, le Week-End du 4 et 5 mars.
Cela a été un bel hommage, un beau week-end familial plein d’émotions, de recueillement et de lumière.
Vous trouverez dans les actualités le texte que j’ai écrit et lu pour cette occasion et dans les hommages un magnifique texte envoyé par Chantal et François Billard.

Papa_1958_LD

Et cerise sur le gâteau … une nouvelle citation de Papa, d’un poème qui s’intitule le « bonheur ».

Merci à tous ceux qui ont transmis leur affection à Chantal-Kakou-Maman lors de cet anniversaire.

Bises à tous,
Isabelle

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Citations de Pierre #15

Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?

Arthur Rimbaud

Ce poème s’intitule « Bonheur » dans la version « brouillon » du livre l’Alchimie du verbe. Dans cette version, les 6 derniers vers (en violet ci-dessous) existent mais barrés. Ils ne sont pas dans les versions ultérieures du poème.

Ô saisons ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?

Ô saisons, ô châteaux,

J’ai fait la magique étude
Du Bonheur, que nul n’élude.

Ô vive lui, chaque fois
Que chante son coq gaulois.

Mais ! je n’aurai plus d’envie,
Il s’est chargé de ma vie.

Ce Charme ! il prit âme et corps.
Et dispersa tous efforts.

Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu’elle fuie et vole !

Ô saisons, ô châteaux !

(Et, si le malheur m’entraîne,
Sa disgrâce m’est certaine.

Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas !

Ô Saisons, ô Châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?)

Papa – Une année d’absence

Texte lu par Isabelle à Biarritz le 5 mars 2017

Papa tu nous as quittés le 4 mars 2016 après cette maladie qui t’avait diminué et nous étions heureux que tu partes ainsi avant que la souffrance ne soit trop pénible pour toi et pour maman.

J’aimerais partager avec toi, avec maman, avec Christine, Olivier, Yves,  avec Caroline et Isabelle cette période d’1 an d’absence, ce que cela a été pour moi. Partager comment et combien tu as été présent dans cette absence.

Nous sommes le 4 mars 2017, à Biarritz, c’est le printemps. Tu n’es plus là.

Un an, c’est long et à la fois c’est passé si vite.
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Citations de Pierre #14

Cimetière marin de Sète où est enterré Paul Valery

Cimetière marin de Sète où est enterré Paul Valéry

Le vent se lève ! … il faut tenter de vivre !

Cette citation est de Paul Valéry.

Elle est extraite du poème le cimetière marin.

La citation « Beau ciel, vrai ciel, regarde moi qui change », publiée en juin 2016, était aussi extraite du même poème.

Ce poème contient 24 strophes. Vous pouvez le lire en intégralité sur ce site.
Voici la dernière strophe dont est extraite la citation :

Le vent se lève!… il faut tenter de vivre!
L’air immense ouvre et referme mon livre,
la vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
le toit tranquille où picoraient des focs !

 

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Citations de Pierre #13

Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

Rimbaud avait 17 ans quand il a écrit le Bateau Ivre et n’avait jamais vu la mer !

rimbaud

Le bateau ivre

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !

Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !

J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
– Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !

J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
– Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !

Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

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Newsletter #10 – 1er janvier 2017

Bonjour la famille, les amis de Pierre,photo_groupe_noces_dor

La newsletter revient après une pause de 6 mois.

En ce premier jour de l’année 2017, nous pensons tous fort à Pierre.
J’ai choisi comme illustration Pierre entouré de sa famille lors des Noces d’Or (2004).

Pour conserver ce lien qui nous relie à lui et pour bien commencer l’année,  une nouvelle citation de Pierre.

En bonus un hommage à une star récemment disparue, comme lui en 2016. Elle avait 84 ans, deux ans de moins que notre cher Pierre.

Pierre adorait les films hollywoodiens de cette époque, et celui-ci est un must !

Pierre comme Debbie Reynolds sont nos lucky stars !

Je vous souhaite à tous une très belle année 2017 !

Isabelle

PS : et les commentaires marchent, n’hésitez pas à  en mettre …

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