Carrière

Cette section parle de Pierre au niveau professionnel.

Tout d’abord sa biographie écrite par lui-même.

Pierre Yves TANGUY
Né à Bordeaux (Gironde) en 1929.
Etudes secondaires au Lycée Michel Montaigne (Bordeaux)
Ecole Polytechnique (promotion 1948)
Master of Science, M.I.T. (USA), 1952
Ecole nationale Supérieure de l’Aéronautique – 1954

Entré au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) en 1954
Successivement
– Physicien des réacteurs,
– Responsable de projet,
– Coordonnateur de filières
Chef du Département de Sûreté Nucléaire en 1973
Directeur de l’Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire en 1978

Quitte le CEA en 1985 pour EDF pour devenir
Inspecteur Général de la Sûreté Nucléaire (jusqu’à sa retraite en 1994)

Fonctions parallèles exercées :

Niveau National :
– Coordonnateur du projet de centrale graphite-gaz à Vandellos
– Président du groupe permanent d’experts sur la sûreté des réacteurs
– Président du groupe d’experts sur la sûreté des sous-marins nucléaires

Niveau international :
– Membre du secrétariat scientifique de la conférence de Genève 1958
– Membre du comité consultatif Euratom
– Expert au sein du Comité Scientifique et Technique de l’Union Européenne
– Expert au sein de l’International Nuclear Safety Advisory Group (INSAG) – AIEA

Commentaire :

Lorsque je suis rentré au CEA en 1954, le développement de l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire était à ses débuts et tout était à découvrir. Ce fut une période passionnante dans laquelle ma contribution a porté essentiellement sur la mise au point des réacteurs nucléaires à uranium naturel modérés au graphite et refroidis au gaz carbonique, qui ont constitué ce qu’on appelle la filière nucléaire française, ou filière graphite gaz. Techniquement on peut considérer que nos travaux ont été une réussite puisqu’après les trois réacteurs de Marcoule construits par le CEA, EDF a construit 6 centrales électronucléaires, à Chinon, Saint-Laurent des Eaux et Bugey, l’industrie française a exporté une centrale en Espagne à Vandellos ; toutes ces centrales ont fonctionné pendant une vingtaine d’années ; elles sont aujourd’hui en cours de démantèlement. Pour ces travaux, l’équipe dont je faisais partie, 6 ingénieurs, a reçu en 1970, un grand prix de l’Académie des Sciences.

Sur le plan économique, la filière graphite-gaz s’est révélée non compétitive avec les filières américaines à eau, bouillante ou sous-pression. Lorsque la décision fut prise d’abandonner le graphite-gaz au bénéfice de l’eau sous-pression, ma carrière a pris une nouvelle orientation et mes activités ont été exclusivement consacrées à la sûreté des installations nucléaires. Mes responsabilités antérieures avaient déjà couvert les questions de sûreté, notamment en tant qu’expert au sein du groupe d’experts « ad hoc » créé par le gouvernement au début des années 1960 pour donner un avis sur les risques des centrales EDF. A partir de 1973, j’ai eu au CEA la responsabilité de toutes les études relatives aux risques présentés par toutes les installations fixes ou mobiles utilisant l’énergie nucléaire.

Nommé Directeur de l’IPSN en 1978, ma responsabilité s’est étendue aux questions de protection contre le rayonnement et de sécurité des installations et des transports contre les actes de malveillance. L’ensemble de ces activités était placé sous la tutelle directe des agences gouvernementales chargés de ces questions.

Pour terminer ce commentaire, j’évoquerai deux aspects transverses qui m’ont dès l’origine particulièrement motivés :

  • la coopération internationale en premier lieu ; ma participation directe à la seconde conférence sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire, tenue à Genève en 1958, et qui a donné une impulsion décisive à la coopération entre toutes les nations occidentales dans ce domaine, m’avait préparé à jouer un rôle actif. Au-delà de ma participation à de multiples conférences, colloques et groupes d’experts, j’ai initié des coopérations bilatérales fructueuses, notamment sur les programmes de recherches, avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Lorsque l’accident Three Mile Island, en 1979 aux USA, a convaincu la communauté internationale qu’une collaboration étroite sur la sûreté était indispensable pour maîtriser les risques nucléaires, j’ai joué un rôle personnel dans la création et la mise en oeuvre d’un groupe d’experts rattaché à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA). Ce groupe, appelé INSAG, International Nuclear Safety Group, a joué un rôle déterminant dans l’analyse des causes et des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en 1986, et dans la progressive participation des pays de l’Est à la communauté mondiale de sûreté nucléaire. L’INSAG a également élaboré des « Principes de Sûreté » qui ont été la base technique de la Convention Internationale sur la Sûreté des centrales nucléaires signée en 1996. L’INSAG a aussi apporté son aide à tous les exploitants en formulant le concept de « Culture de Sûreté » qui a pour but de maîtriser les risques d’accident en exploitation liés au « facteur humain ». Je signalerai enfin que ma dernière activité internationale a concerné une étude en 1997 pour le compte de l’Union Européenne avec deux collègues, britannique et allemand, sur les risques des installations nucléaires dans les pays de l’Est européen ?
  • en second lieu, l’information du public sur les risques nucléaires, mais aussi sur les bénéfices potentiels de son utilisation pacifique. J’ai participé à ce titre à de multiples réunions et discussions, avec les pouvoirs publics, avec les élus, avec les associations de défense de l’environnement, avec les journalistes et avec le grand public. J’ai fait partie des Comités sur l’information nucléaire créés par les pouvoirs publics. J’ai été à l’origine de « l’échelle de gravité » qui permet aux non-spécialistes d’avoir une idée des risques impliqués par un incident ou un accident. J’ai enfin pris l’initiative dans la dernière partie de ma carrière de publier annuellement un rapport public sur tout ce qui concernait la sûreté des installations EDF. Ce rapport a été très vite un « best-seller » auprès des journalistes spécialisés avec qui une réunion-débat était organisée au moment de sa publication. Aujourd’hui, je reste convaincu qu’un dialogue permanent avec les représentants du public, fondé sur une « transparence » totale des responsables, est nécessaire dans une société démocratique pour que les décisions souhaitables dans l’intérêt général puissent recueillir l’accord de nos concitoyens.

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